Samuel Ibn Tibbon
Les Tibbonides, une dynastie de savants
Samuel Ibn Tibbon, (né à Lunel vers 1160 et mort en 1230) voyage beaucoup et vit à Arles, Béziers, Marseille...
Il est le plus illustre de la dynastie des Tibbonides, rabbin, médecin, traducteur ou encore philosophe. Il traduit les textes de Maimonide dont « Le guide des égarés », rédige des traités médicaux et philosophiques.
De nombreux autres érudits, talmudistes, traducteurs, grammairiens, médecins, astronomes, philosophes font aussi la réputation de cette communauté.
Une grande partie des savoirs aristotéliciens conservés en langue arabe y sont traduits en hébreu et en langue vernaculaire. La Kabbale y est enseignée, le Talmud, la Torah, le Livre de la Formation y sont commentés, la Bible traduite de l'hébreu et de l'araméen.
Ainsi Lunel est un foyer de réflexion intellectuelle et culturelle, le siège d’affrontements philosophiques, entre le clan des orthodoxes et celui des rationalistes (issus de la pensée grecque d’Aristote). De grandes controverses ont lieu au sujet du « Guide des égarés » de Maïmonide et de nombreuses lettres retrouvées dans la Guenizah du Caire en attestent.
Et pourtant, malgré ces nombreux témoignages, il est difficile d'identifier des vestiges architecturaux liés à ce passé : peu de fouilles ont été entreprises jusqu'à présent. Il existe cependant une « présumée synagogue » dans l’Hôtel de Bernis -rue Alphonse Ménard, demeure privée à Lunel-, signalée sur un document du XIVème siècle comme « l’escola dels juis ».
Malgré sa notoriété, l’école juive de Lunel sera abandonnée suite à l’expulsion des juifs par le roi de France Philippe Le Bel en 1306. Réhabilités en 1315 et 1359, les juifs ne reviendront pas à Lunel. Ils seront définitivement bannis du Languedoc-Roussillon en 1394. Entre-temps certains se sont installés à Montpellier, foyer important du savoir médical, où subsistent aujourd’hui un mikvé d’époque médiévale, une maison d’études, une maison de l’aumône et une synagogue.
Nous sommes donc aux racines même de l’Europe judéo-chrétienne.